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Aa Dekhen Zara

Publié vendredi 27 mars 2009
Dernière modification vendredi 27 mars 2009
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Par Jordan White

Rubrique Albums
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Aa Dekhen Zara aurait pu être être traduit en français par La fièvre du samedi soir, pour faire un petit clin d’oeil à l’excellent classique de John Badham (1977) et mettre l’accent sur la notion de dance sucrée et répétitive qui hante ce disque, surproduit à bien des égards, mais si efficace que la chanson-titre parvient à rester en tête des semaines durant.

Vous souvenez-vous des tubes qui faisaient les beaux jours de "Dance Machine" sur M6 ? La BO de Aa Dekhen Zara rappelle à notre souvenir de lycéens voire d’étudiants (pour les plus âgés) ou de collégiens (pour les plus jeunes et l’auteur de ces lignes s’y retrouve), les plages sucrées bien que répétitives de ces années où dance rimait avec charts et hit-parade. On y retrouve tout le sel, l’excès, l’exubérance, l’aspect électronique, les beats délirants (parfois jusqu’à 150 BPM) qui faisaient à la fois l’intérêt et la faiblesse des tubes marketés, enchaînés les uns à la suite des autres des années 90 dans le registre de l’Eurodance qui commença à truster les places sur NRJ aux alentours de 1993-1994 après avoir percé au début de la même décennie. A l’époque, Corona, Culture Beat, 2 Unlimited, Ace of Base, Haddaway, R-Type et beaucoup d’autres occupaient les premières places et trustaient les ondes. C’était il y a quinze ans. Après avoir planté le décor, et rappelé à quel contexte la BO de Aa Dekhen Zaara faisait penser, reste à l’écouter.

Les "hostilités" commencent avec Gazab, son air reggaeton, la voix lancinante de Sunidhi Chauhan (qui participe depuis au bas mot deux ans à une BO sur deux, en enchaînant un peu tout et n’importe quoi, du morceau le plus anonyme à celui dance et très réussi dans le genre comme Dance Pe Chance) et celle sans surprise de Shaan. Une chanson qui rappelle un peu la BO de Thoda Pyaar Thoda Magic, et notamment Ab To Forever. Mais aussi la BO de Roadside Romeo. C’est plutôt charmant, un poil répétitif, sans surprises, mais efficace. L’efficacité est le maître mot ici.

La production explore un son massif, énorme. Gazab est un avant-goût. Rock the Party redonne ses lettres de noblesse à l’eurodance, mais si vous êtes allergiques au genre ça ne passera pas et vous zapperez très vite. Rock the party, c’est de la dance écrite en deux minutes et composée en un temps record, en tout cas on l’imagine ainsi. Tout y est, un sentiment et son contraire : c’est minimaliste et référentiel (toute la dance des années 90), chaleureux et produit de telle sorte que peu d’émotions surnagent. Le beat écrase presque tout le reste de la production, le synthé est vintage, la voix trafiquée. Il y a quand même un élément important, celui d’avoir gardé le dhol en instrument rythmique dans le refrain, comme quoi même l’instrumentation la plus classique peut surnager au milieu d’un déferlement de sons électros.

Encore plus marrant, primaire et destiné aux dance-clubs, le titre éponyme Aa Dekhen Zara (leitmotiv), défonce la tête à coup de beats télescopés, se plonge avec délice dans la caricature, se délecte d’une forme d’arrogance que l’on retrouve dans les images du clip (cf plus bas). Neil Nitin Mukesh se livre (pour la première fois) à l’exercice du chant et semble s’y être bien amusé (pose, attitude triomphante, barbe de trois jours, regard frondeur). Et sa voix est plutôt sympathique. C’est l’acteur principal du médiocre Johnny Gaddaar, mais on verra bien. C’est le genre de titre que l’on peut adorer ou détester mais qui reste en tête. Pour le coup, c’est à la fois grisant et super facile. Ça se vend tout seul, sans effort. Le plus délectable demeure la voix féminine à 2 min 51 s avec le mélange hindi/anglais, d’une voix suave et minaude à la fois, très affectée, incarnée dans le film par Bipasha Basu.

Il n’y a pas de finesse ou si peu, y compris Power, morceau le plus gonflant du disque, qui part en live au bout d’une minute pour ne plus atterrir. Jugeant qu’il était tant de changer de registre, la BO nous sert Mohabbat Aapse qui semble venir d’une autre BO, d’une production Mukesh Bhatt, voire d’une autre galaxie. C’est tout l’inverse de ce qui a précédé et ça calme un peu. Morceau très reposant et non moins mélodique qui prouve que Pritam peut nous donner du Race (BO qui annonçait Aa Dekhen Zara ne serait-ce que Race Sansoon Ki) ou du très mauvais (Golmaal Returns mais aussi Singh Is Kinng dans le registre punjabi avec de sacrées compositions).

La bande-annonce du film :


Année : 2009

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