Aap Kaa Surroor
Traduction : La passion de vous
Langue | Hindi |
Genres | Drame, Comédie romantique |
Dir. Photo | Manoj Soni |
Acteurs | Mallika Sherawat, Hansika Motwani, Sachin Khedekar, Raj Babbar, Himesh Reshammiya, Darshan Jariwala, Shravan Rathod |
Dir. Musical | Himesh Reshammiya |
Parolier | Sameer |
Chanteurs | Shreya Ghoshal, Sunidhi Chauhan, Asha Bhosle, Himesh Reshammiya |
Producteur | Vijay Taneja |
Durée | 129 mn |
Voici encore un film qui a peu de chances de figurer au panthéon du septième art du sous-continent indien. Un drôle d’objet. Sorti en 2007, Aap Kaa Surroor avait bénéficié en France d’une édition DVD, grâce à Bollywood Zone. De ce fait, il pourrait encore vous arriver, comme à moi, de tomber dessus dans un bac de DVD d’occasion. D’où la présente critique qui pourra vous permettre d’économiser quelques euros en le laissant au fond dudit bac.
Le scénario est mince comme une feuille de papier à rouler. Lors d’une tournée en Allemagne, un chanteur, Himesh Reshammiya (lui-même !, himself !) est arrêté pour meurtre après la découverte du cadavre d’une journaliste. Jeté en prison, il va devoir s’en évader afin de prouver son innocence, pour que le vrai coupable soit puni et surtout pour pouvoir épouser la jeune fille qu’il aime, Ria (Hansika Motwani), promise par son père (Sachin Khedekar) à un fiancé moins sulfureux que la vedette.
Une série de flash-back ramène le spectateur au tout début de l’affaire, quand Himesh fait la rencontre de Khurana (Darshan Jariwala), l’organisateur des concerts, et de Ruby (Mallika Sherawat), avocate et grande fan, très amoureuse de lui. Ruby rejetée par le chanteur va d’abord refuser d’agir, puis elle viendra à son secours avec l’aide du meilleur ami d’Himmesh, Shravan (Shravan Rathod). Pas vraiment de quoi s’affoler. Puisque Himesh tient son propre rôle, on se dit que s’il a vécu une mésaventure de ce genre, il s’en est finalement bien sorti. Nous voilà tout à fait rassurés. Nous ne dévoilerons pas qui est le vilain méchant dans cette histoire, mais il paraît évident qu’il sera attrapé à la fin. De justesse, mais il le sera.
On s’attend donc à une comédie romantique, épicée d’un peu de drame, un masala classique quoi ! L’affiche et la classification dans le genre « drame romantique » vous confortent d’abord dans cette idée, les toutes premières images aussi. Ensuite, on se demande très vite, mais à quoi cela rime-t-il ? Mais qu’allaient-ils faire dans cette galère et qui a eu cette idée saugrenue de ce long, long, trop long, clip ? Il semble bien que ce soit le fruit pervers de l’immense succès rencontré par l’album éponyme que le chanteur avait sorti un an auparavant. Ce n’était pas une très bonne idée, sauf pour les inconditionnels du chanteur, qui furent paraît-il fort nombreux. Quant aux autres ? Ils ouvrent de grands yeux ébahis et, soit ils quittent leur canapé pour aller s’oxygéner un peu, soit ils décident de s’abandonner à l’expérience.
Elle n’est pas forcément désagréable, car la musique est bonne. Elle est bien la seule ! On peut par conséquent tout à fait se livrer à d’autres activités utiles en écoutant seulement la bande son, sans regarder les images : arroser ses plantes vertes, donner à manger au chat, ou au poisson rouge, repasser le tas de linge en attente depuis des semaines, passer l’aspirateur. Ah non ! Pas l’aspirateur, sinon on rate le meilleur, les chansons ! Himesh Reshammiya chante tous les morceaux dont il est le compositeur et qui sont au nombre de huit. Et à la fin — pour ceux qui seront allés au bout —, il se livre à une réinterprétation de « Mehbooba Mehbooba » de Sholay, avec Asha Bosle comme voix féminine pour accompagner les trémoussements déshabillés de Mallika Sherawat.
Arrêtons-nous sur quelques morceaux. On comprend aisément l’incrédulité, voire le découragement, qui a saisi nombre de spectateurs dès le premier, « Assalam Vaalekum », qui introduit l’arrivée de la STAR, jet, tapis rouge, groupies, etc., et le concert qui s’en suit dans une nef de cathédrale gothique, avec pseudo moines encapuchonnés. Etait-ce vraiment nécessaire ? Encore une surprise de ce film qui en regorge. Passons. Les autres morceaux sont meilleurs et la mise en scène moins ridicule. La chorégraphie de « Jhoot Nahin Bolna » est plutôt acceptable, plus classique disons, et la chanson agréable sans être immortelle. « Kya Jeena », mélodie mélancolique, alors qu’il se désole en prison, est à notre goût la meilleure du film.
Hélas, trois fois hélas, entre les morceaux musicaux, il y a des scènes jouées. Enfin, jouées, c’est beaucoup dire. Les acteurs sont dans l’ensemble assez uniformément médiocres. Himesh devrait se contenter de composer et de chanter. Il est raide, empoté, pataud, et aussi crédible dans son propre rôle que s’il interprétait la reine d’Angleterre ou l’impératrice de Chine. La jeune Hansika Motwani, dont c’était le premier film en hindi (et le seul, à l’exception d’une courte apparition dans Koi… Mil Gaya) et l’un de ses premiers comme actrice adulte, est inexistante. Son expressivité se limite à un enchaînement de sourires niais qui ne font pas une présence à l’écran. La seule à s’en tirer à peu près est Mallika Sharawat. Y aurait-il eu une erreur de casting ? On peut toujours imaginer que l’interversion des deux rôles féminins aurait donné un meilleur résultat. Ce n’est pas du tout sûr, étant donné l’indigence du reste et quelques incohérences scénaristiques, comme la vidéo dans laquelle le meurtrier se fait passer pour le chanteur.
Parmi les scènes les plus ridicules de Aap Kaa Suroor, la fin de la course poursuite en « wouatuure » est digne de rester dans les anthologies. Le pauvre Himesh, après s’être enfui de prison, avoir démasqué l’assassin et on en passe, se lance vaillamment à sa poursuite. Normal. Wroum, wroum, et puis, horreur !, il finit par faire une série de tonneaux. Quand on dit une série, c’est une série. Pas deux, pas trois, une bonne série. On pense : il est mort, il est au minimum gravement blessé et va sortir de là paraplégique. Que nenni ! Il ressort fringant de l’habitacle, à peine froissé, et surtout coiffé de sa casquette. Ouf !
Tout est dans la casquette. Voilà un grand point positif à mettre au crédit de ce long métrage. Le nombre de casquettes arborées par Himesh égale ou supplante le nombre de tonneaux de son véhicule. Des bleues, des blanches, des rouges, des grises, des beiges… Avait-il une maladie du cuir chevelu au moment du tournage ? Le mystère restera entier. Alors, pour conclure, si vous n’êtes pas un grand fan de Himesh, ou de ses casquettes, vous pouvez sans dommage vous dispenser de regarder ce film qui le dessert plutôt.