Agneepath
Traduction : Le Chemin de Feu
Langue | Hindi |
Genre | Film d’action |
Dir. Photo | Kiran Deohans, Ravi K. Chandran |
Acteurs | Sanjay Dutt, Priyanka Chopra, Hrithik Roshan, Om Puri, Rishi Kapoor, Zarina Wahab, Chetan Pandit |
Dir. Musical | Ajay-Atul |
Parolier | Amitabh Bhattacharya |
Chanteurs | Shreya Ghoshal, Sunidhi Chauhan, Udit Narayan, Sukhwinder Singh, Sonu Nigam, Roop Kumar Rathod, Ajay Gogavale, Krishna Beura, Anand Raj Anand |
Producteurs | Karan Johar, Hiroo Yash Johar |
Durée | 174 mn |
Sur la petite île de Mandwa, au large de Bombay, le maître d’école, Dinanath Chauhan (Chetan Pandit) enseigne à son jeune fils, Vijay, les préceptes de rectitude morale pour être un honnête homme. Il est respecté des villageois jusqu’au jour où il les met en garde contre les plans du machiavélique Kancha Cheena (Sanjay Dutt), le fils du notable local. Celui-ci veut louer les terres des villageois pour monter un négoce illicite tout en leur faisant miroiter de juteux bénéfices. Dinanath Chauhan est alors victime d’un complot tramé par Kancha le faisant apparaître comme un violeur aux yeux des villageois qui se livrent à un lynchage. Le maître d’école finit pendu par Kancha lui-même sous les yeux de son fils impuissant, qui se fait le serment de le venger un jour. Vijay et sa mère, Suhasini Chauhan (Zarina Wahab), doivent alors partir à Bombay. Ils sont complètement démunis à tel point que Suhasini accouche dans la rue. Néanmoins, elle est aidée par des femmes d’un quartier populaire, Kaali et sa mère. Suhasini, Vijay et la petite sœur née dans la rue trouvent gîte et solidarité au sein de la petite communauté du quartier qui les a accueillis. Alors qu’il pourrait grandir heureux aux côtés de son ami Kaali, Vijay est obsédé par la vengeance, quitte à renier les principes que son père lui a enseignés, au grand dam de sa mère. En effet, alors qu’il est impliqué dans une histoire d’agression qui tourne mal, Vijay intégre le gang de Rauf Lala (Rishi Kapoor). Renié par sa mère, qui n’entend pas voir son fils devenir un truand, avec pour seul point positif, la loyauté, qui deviendra amour de Kaali (Priyanka Chopra), Vijay (Hrithik Roshan) grandit à l’ombre du puissant Lala, allant même jusqu’à devenir son lieutenant dans ses affaires illicites, car plus il gravit les échelons de la pègre de Bombay, plus il s’approche de son but : tuer Kancha…
N’ayant pas vu l’original de 1990, produit par Yash Johar, avec Amitabh Bachchan, c’est sans a priori que j’ai regardé le Agneepath de 2012 et autant vous dire que je n’ai pas été déçue par cette histoire de vengeance d’une facture cinématographique à la nostalgie revendiquée.
Agneepath est avant tout une histoire de père à bien des niveaux. Au niveau de l’histoire tout d’abord : il s’agit d’un fils qui veut venger la mort de son père et qui se fait gangster pour y parvenir, faisant, par ironie du sort, une utilisation déviante du principe de persévérance qu’il lui a enseigné. D’après ce que j’ai pu lire, la vengeance au nom du père constitue aussi la trame principale de l’original de 1990, qui diffère cependant par ses personnages secondaires et qui s’inspirait d’un poème du père de l’acteur principal, Harivansh Rai Bachchan. C’est d’ailleurs de ce poème, parabole sur la rectitude et la persévérance face à l’adversité, récité au début par le père de Vijay et à la fin, par Vijay lui-même, que le film tire son titre, Agneepath, le chemin de feu. Le remake de 2012 est aussi une histoire de père au niveau symbolique. La version de 1990, produite par Yash Johar et qui avait valu à Amitabh Bachchan un national award, avait été un échec commercial. C’est donc pour laver l’échec du père que le fils, Karan Johar, a produit le remake du film, sans pour autant le réaliser, mais sans lésiner sur les moyens. Tout comme Vijay dans le film, Karan est parvenu à son but puisque le film a été un succès au box-office, le premier grand succès de l’année 2012, tenant l’affiche près de deux mois et rapportant la coquette somme de 226,8 crore de roupies.
On peut raisonnablement penser que le succès du film est dû à son côté nostalgique revendiqué. À une époque où les films hindis se rapprochent de plus en plus des standards internationaux du point de vue des histoires ou de la durée, laquelle se fait au détriment des séquences chantées, de moins en moins nombreuses, Agneepath affiche une durée de presque trois heures, intégrant des numéros chantés ou dansés à l’ancienne (mention spéciale au qawwali et à la séquence de la fête de Ganesh). La réalisation est aussi classique, mais efficace, surtout dans la scène de combat final avec sa violence outrancière, mais assumée qui n’est pas sans rappeler les films du début des années 1990.
Un autre ingrédient du succès du film : un casting de choix qui livre de très bonnes prestations. Agneepath réunit trois générations d’acteurs caractéristiques de trois époques de cinéma : Hrithik Roshan et les années 2000, Sanjay Dutt et les années 1990, Rishi Kapoor et la charnière des années 1970-80. Le physique athlétique de Hrithik - on ne peut s’empêcher de dire que c’est un très bel homme même s’il passe les trois quarts du film en "marcel" taché - fait merveille dans ce type de rôle d’action où il sait à la fois jouer des muscles et nous émouvoir. Cependant, en dépit d’une bonne prestation, il se fait voler la vedette par Sanjay Dutt, terrifiant dans ce rôle de truand machiavélique, chauve et tatoué. Le film n’est pas en reste de vedettes ou de rôles marquants : Rishi Kapoor campe un autre chef de gang, dans un registre différent, et il reprend, comme en hommage à ses films des années 1970, la baguette pour mener un numéro de qawwali ("Shah Ka Rutba") dans le plus pur style dramatique, couplant l’énergie de la séquence chantée avec un montage parallèle plein de suspense. Om Puri tient un rôle secondaire, un peu trop court pour son immense talent, mais c’est un régal de voir défiler cette galerie d’acteurs.
Quant aux femmes, vous pouvez vous en douter, elles n’ont qu’un rôle secondaire dans ce type de massala d’action. Néanmoins, Priyanka Chopra, rayonnante en amie, puis compagne loyale et aimante, et Zarina Wahab - la maman de Rizwan Khan -, en mère courage, arrivent à tirer leur épingle du jeu. Pour finir, Katrina Kaif campe une belle plante dans un numéro de vamp énergique, "Chikni Chameli", chanté par une Shreya Ghoshal inspirée.
Quant à la musique, nous y avons fait allusion tout au long de cette chronique, elle est la touche ultime qui donne définitivement à ce film son cachet nostalgique. On retrouve même la voix, trop rare ces derniers temps, d’Udit Narayan, comme à sa grande époque des années 1990, aux côtés des chanteurs actuels : Roop Kumar Rathod ou Sukhwinder Singh, entre autres. Comme toutes les chansons sont mises en images par des séquences chantées - dommage pour la belle séquence romantique "O saiyyan" coupée au montage -, dont une splendide, qui a lieu pendant une fête de Ganesh, "Deva shree Ganesha", autant dire que c’est un vrai régal pour les yeux et les oreilles !