Cheeni Kum
Traduction : Moins de sucre
Langue | Hindi |
Genre | Comédie romantique |
Dir. Photo | P. C. Sreeram |
Acteurs | Amitabh Bachchan, Paresh Rawal, Tabu, Zohra Sehgal, Swini Khara |
Dir. Musical | Maestro Ilaiyaraaja |
Paroliers | Sameer, Manoj Tapadia |
Chanteurs | Shreya Ghoshal, Amitabh Bachchan, Vijay Prakash |
Producteurs | Sunil Manchanda, Rajesh Rajilal |
Durée | 134 mn |
A 64 ans, Buddhadev Gupta (Amitabh Bachchan) dirige l’un des restaurants indiens les plus réputés de Londres. A l’occasion d’une mésentente culinaire, il va faire la connaissance de Nina Verma (Tabu), une femme de trente ans sa cadette…
Quelques mois seulement après la sortie de Nishabd, dans lequel il s’éprend d’une toute jeune débutante, le sexagénaire le plus fringant de Bollywood doit se contenter dans Cheeni Kum d’une belle trentenaire en la personne de Tabu, une actrice connue et reconnue dans l’industrie. Heureusement, le film ne ressemble pas au grave drame familial de Ram Gopal Varma, mais se présente d’emblée comme une romance légère. Et le plus réjouissant, c’est que Cheeni Kum n’est pas une énième comédie romantique naïve inspirée des films de Meg Ryan et autres teen-movies américains, mais une véritable comédie sentimentale, fine et pleine de charme, un peu comme certains films français ou britanniques du genre, moins commerciaux. Les chamailleries entre les deux acteurs, très bons tous les deux, sont délicieuses, les dialogues sont piquants, les situations cocasses…
Ce sont d’ailleurs les dialogues qui constituent la véritable réussite du film. Souvent incisifs et grinçants, ils permettent aux acteurs de s’en donner à coeur joie, et ce plaisir se ressent à l’écran. L’aspect froid et caustique se ressent également dans les décors du film, notamment à travers les cuisines du restaurant. Il faut voir Amitabh en vieux chef cuisinier ombrageux, portant queue de cheval à la Karl Lagerfeld, sermonner ses employés sur leurs erreurs de dosage de tel ou tel ingrédient d’un plat, avant de devenir la victime des railleries de ces mêmes employés quand ils comprennent que leur patron se met sur son trente-et-un parce qu’il attend une dame. Dans ces scènes où il espère séduire cette femme plus jeune, Amitabh est d’ailleurs particulièrement touchant, une nouvelle facette de son talent qu’il avait révélée dans Nishabd, dans lequel il retrouvait déjà son âme de jeune homme. Tabu est comme toujours parfaite et tient la dragée haute au vieux briscard qu’est Amitabh. Leurs scènes sont particulièrement bien écrites et leur jeu de ping-pong sentimental un vrai régal.
Il est vraiment dommage que le film bifurque dans sa seconde partie vers une comédie de mœurs plus banale (Amitabh veut demander la main de Tabu à son futur beau-père, qui a 6 ans de moins que lui), le cinéaste semble tellement peu convaincu par l’humour de la situation qu’il tente vainement de tourner tout ça en mélodrame familial. En somme, ce film qui était très bon au début s’essouffle un peu, malgré le talent de Paresh Rawal, acteur comique qui sait reprendre son sérieux quand cela est nécessaire. Néanmoins un personnage intéressant contribue à réhausser la dramaturgie et même à nous toucher. La petite fille voisine de Buddhadev est vraiment épatante dans un rôle compliqué et grave. Son naturel lui permet de compenser son manque d’expérience et rend sa performance remarquable.
On notera également la musique d’Ilayaraja plutôt plaisante à l’oreille. Elle sert de fil conducteur, continuellement présente mais sans jamais s’imposer totalement.
Cheeni Kum est tout de même un beau film assez atypique pour Bollywood, car il nous présente une romance plus mature et subtile qu’à l’accoutumée. Son succès dans les multiplexes a d’ailleurs été une des belles surprises de l’année, contribuant à "sauver" une année difficile pour Amitabh au box-office indien.