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Devdas


LangueHindi
GenreDrame
Dir. PhotoBinod Pradhan
ActeursShah Rukh Khan, Aishwarya Rai Bachchan, Madhuri Dixit, Jackie Shroff, Kiron Kher
Dir. MusicalIsmail Darbar, Monty Sharma, Pandit Birju Maharaj
ParoliersSameer, Nusrat Badr, Pandit Birju Maharaj
ChanteursShreya Ghoshal, KK, Udit Narayan, Vinod Rathod, Kavita Krishnamurthy, Pandit Birju Maharaj, Madhuri Dixit, Jaspinder Narula, Rashmi Sharma, Supriya Raghav Chatterjee
ProducteurBharat Shah
Durée183 mn

Bande originale

Silsila Ye Chaahat Ka
Maar Dala
Bairi Piya
Kaahe Chhed Mohe
Chalak Chalak
Hamesha Tumko Chaha
Woh Chand Jaisi Ladki
Morey Piya
Dev’s Last Journey - The Theme
Dola Re Dola

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La critique de Fantastikindia

Par Maya - le 31 janvier 2006

Note :
(10/10)

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Devdas, mon premier Bollywood. J’en suis sortie étourdie par ce tourbillon de couleurs et de musique, emportée par cette explosion d’émotions, éblouie par ce foisonnement de décors grandioses, de bijoux scintillants, de costumes somptueux. Devdas reste pour moi unique, inoubliable, magique.

Pourtant la première demi-heure me laissa sur la défensive, les voix surexcitées des femmes attendant le retour du fils me vrillaient les oreilles et, si Paro (Aishwarya Rai) était si belle qu’elle en semblait improbable, pourquoi l’avait on affublée d’un Devdas pontifiant au gros nez (Shah Rukh Khan) ?!

Cette impression persista jusqu’à Morey Piya, qui chante l’amour de Krishna et Radha, une scène d’amour comme seul sait en faire Bollywood, où tout est suggéré mais d’une sensualité bouleversante. Comme Paro, je suis tombée alors sous le charme de Devdas, conquise par la magie diaphane de ce clair de lune et par le charisme de l’acteur, sa capacité à nous faire partager, ressentir l’amour et le désir de Devdas pour Paro.

Plus tard, j’ai été tout aussi émue par le talent de Shah Rukh Khan à exprimer le désespoir et la culpabilité qui minent Devdas, éloigné de Paro, cherchant refuge dans l’alcool malgré le soutien de la belle Chandramukhi.

L’homme pontifiant, engoncé dans ses vêtements occidentaux, n’est plus alors qu’un lointain souvenir. Enveloppé dans son dhoti-kurta comme dans un linceul, Devdas nous livre son âme à nu, tourmentée, son insupportable lâcheté aussi, aux antipodes du héros conventionnel courageux et viril. Irritant, il n’en est pas moins douloureusement attachant.

Et puis du courage, les femmes en ont pour deux, le film nous offre de très beaux personnages féminins. Paro, jeune fille espiègle et coquette, fait face à un destin qu’elle n’a pas choisi avec une dignité qui force l’admiration. Elle devient une Parvati presque hautaine, qui sait s’imposer d’un regard, d’un mouvement d’épaule, aristocrate jusque dans le moindre geste. Aishwarya Rai est filmée de façon remarquable par S.L. Bhansali, dans aucun autre film elle n’a le regard si bleu, le teint si transparent, l’allure si altière.

L’autre personnage féminin est la danseuse et prostituée Chandramukhi ; celle qui n’a jamais rien espéré de la vie sans songer à s’en plaindre (Mare Dala), sent battre son cœur à l’approche de Devdas. Madhuri Dixit endosse ce rôle avec un talent rare, elle excelle dans les scènes de Kathak (danse classique du nord de l’Inde), où elle allie maîtrise technique et émotion. Elle campe une femme à la forte personnalité, qui n’hésite pas à remettre les hommes à leur place (ah, cette gifle à la fin de Dola re Dola, quel régal, voilà des générations de prostituées rendues à leur dignité !).

Mais elle fait montre d’une douceur et d’une patience sans limite envers Devdas, sachant pourtant qu’il n’aimera jamais que Paro, impuissante devant sa douleur… Elle est la femme dans toute sa générosité, et si une tristesse infinie traverse parfois son regard, nous transperçant du même coup, c’est toujours un sourire lumineux qui s’adresse à Devdas…nous charmant du même coup.

Si le film doit beaucoup à ses interprètes, si la nouvelle à l’origine du film a déjà inspiré d’autres cinéastes (dont le Devdas de Bimal Roy en 1955), cette oeuvre est également le fruit du génie particulier d’un jeune réalisateur, Sanjay Leela Bhansali. Il dit lui-même s’être beaucoup investi dans ce film, exorcisant l’image d’un père qui ressemblait à Devdas. Il a offert à cette œuvre les plus beaux décors et les plus beaux costumes de l’histoire de Bollywood, créant des palais des mille et une nuits tout droit sortis de son imagination, faits de lumière et de transparence, s’inspirant des célèbres scènes de danse de Madhubala dans Mughal-e-Azham.

Le palais de danse de Chandramukhi et le quartier dans lequel elle vit, en constituent le point d’orgue : des milliers de bougies se reflètent dans les cristaux, les miroirs, les bijoux, l’eau du fleuve, créant une atmosphère fantasmagorique propice aux illusions.

Car, si l’on cherche une thématique dans Devdas, au-delà de l’amour romantique on trouve l’illusion. L’illusion de se croire maître de son destin, l’illusion d’un ordre du monde qui oblige à endosser un personnage que l’on n’est pas - l’héritier avocat, la maîtresse de maison, la prostituée au cœur sec-, l’illusion de l’ébriété, l’illusion encore de la richesse et du rang social, qui rend la vie si cruelle à certains…
Le faste des bijoux et des costumes n’est pas étranger à cette notion d’illusion.

Plus Parvati entre dans son rôle de maîtresse de maison, plus elle a de bijoux et de broderies sur ses saris. Plus Chandramukhi joue son rôle de courtisane, plus elle disparaît derrière des monceaux d’or. Alors que dans la scène dansée Chalak Chalak, où elle retrouve par hasard Devdas dans la ville, elle n’a jamais été si belle dans sa simple robe marron sans ornement, les cheveux libres, sans bijoux, enfin elle-même… De la même façon Parvati renoue avec une certaine pureté et se retrouve elle-même, lorsqu’à la fin du film elle traverse son palais en courant, pieds nus, vêtue d’un sari blanc au liseré rouge. Dans Devdas, rien n’est gratuit ni laissé au hasard, Sanjay Leela Bhansali possède un sens extrême de la tragédie et de la cinématographie, chacun des éléments participe de la puissance dramatique du film, notamment la musique.

On ne peut pas parler de Devdas sans applaudir des deux mains aux scènes de danse. Toutes sont de pures merveilles, bénéficiant d’une musique d’inspiration classique signée Ismaël Darbar et de chorégraphies très élaborées, magistralement exécutées. Le gai tourbillon des jeunes filles de Silsila ye Chahat ka tout d’abord, puis Morey Piya avec Kiron Kher en danseuse conteuse, très belle avec ses cheveux longs même si elle n’a plus la taille fine ni les vingt ans de sa « fille », avec en parallèle cette fameuse scène d’amour transcendé évoquée plus haut, Mare Dala et Kaahe Chhed More où Madhuri nous ferait presque regretter une carrière de danseuse classique, Chalak Chalak, une chorégraphie masculine originale (avec SRK et Jackie Shroff) que Madhuri vient relever de déhanchés foudroyants, et enfin Dola Re Dola avec Madhuri Dixit et Ashwarya Rai au mieux de leur forme, complices plus que rivales, un summum de grâce et de beauté sur un rythme étourdissant.

Avec tout cela, comment ne pas être sous le choc en sortant du cinéma ? Je n’en suis toujours pas remise…

À noter : Devdas a fait partie de la Sélection Officielle à Cannes en 2002, donnant l’occasion aux Français de découvrir au pied du fameux escalier, Aishwarya Rai, Shah Rukh Khan et Sanjay Leela Bhansali. Ce film a été l’un des premiers Bollywood à sortir sur les écrans français, en 2003, et en DVD avec un doublage en français en 2004. Ce doublage, s’il gêne les spectateurs habitués aux voix des acteurs et aux sons du hindi (les voix françaises sonnent souvent « faux »), bénéficie cependant d’un beau texte et de louables efforts pour le caler avec les mouvements des lèvres du hindi. Le coffret est également un joli hommage à la luxuriance du film, même si les bonus sont sans grand intérêt.(Voir le test du DVD sur ce site).

Traductions de chansons par Angel.

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