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Hasee Toh Phasee

Traduction : Si elle rit, elle est attrapée

Bande originale

Punjabi Wedding Song
Shake It Like Shammi
Drama Queen
Manchala
Zehnaseeb
Ishq Bulaava
Drama Queen (Remix)

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Fiche IMDB
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La critique de Fantastikindia

Par Mel - le 20 janvier 2015

Note :
(7/10)

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Meeta Solanki (Parineeti Chopra) était une gamine espiègle qui énervait tout le quartier par les tours pendables qu’elle pouvait jouer. Le petit Nikhil (Siddharth Malhotra) n’était pas en reste et faisait tourner en bourrique son policier de père. Un jour, devenu jeune adulte, Nikhil s’est enfui une fois de plus pour aller s’amuser à un mariage avec ses amis. Alors qu’il tente de rassurer sa mère au téléphone, il croise une jeune fille aux allures de garçon manqué qui fait le mur. Elle parle très vite. Les idées se bousculent à 100 à l’heure dans sa tête comme dans sa bouche. Elle part pour Goa et propose à Nikhil de l’accompagner sur le champ. Mais il n’est pas assez fou et retourne sagement prendre du bon temps.

Karishma (Adah Sharma) la jolie fille de la maison, le remarque parmi les fêtards et lui fait du gringue. Si bien que sept ans plus tard, Nickhil se retrouve sur le point de l’épouser. Elle est devenue actrice et lui un businessman qui se cherche. Pour impressionner sa future femme, il va jusqu’à tenter d’entraîner Devesh Solanki (Manoj Joshi), le père de Karishma, dans des affaires à première vue assez hasardeuses. Les préparatifs du mariage se poursuivent et Karishma lui demande de s’occuper d’une invitée à la noce. Nikhil se retrouve nez à nez avec la jeune fille qui se sauvait sept ans auparavant. Elle est toujours aussi bizarre…

Dans les comédies romantiques traditionnelles indiennes, l’objet de l’attention du héros est en général une jeune fille sage. Elle est bien parfois un peu délurée comme Veronica dans Cocktail, mais ce n’est qu’une façade. Elle a souvent du tempérament comme Anjali dans Kuch Kuch Hota Hai, mais elle rentre bien vite dans le rang. Hasee Toh Phasee innove avec une héroïne frappadingue. Quant au héros lui-même, on s’attend normalement à ce qu’il mène le jeu, plus ou moins. Tere Naal Love Ho Gaya pour ne donner qu’un exemple au hasard, nous racontait l’histoire de Viren embarqué à son corps défendant dans une histoire qui le dépassait. Mais c’était quand même son histoire. Ici, Nikhil fait la plupart du temps ce qu’on lui dit. Et quand il prend l’initiative, ça ne marche pas très bien.

Aucun des deux tourtereaux n’est très costaud. Chacun a ses propres difficultés à surmonter et on réalise bien vite que ce n’est pas plus facile pour Nikhil que pour Meeta. Elle avale sans bien savoir pourquoi ses antidépresseurs comme des smarties. Il s’applique, mais sans parvenir à décrocher le juteux contrat qui ferait de lui le gendre idéal. Et puis il faut un troisième sommet au triangle amoureux ; c’est Karishma. Elle est très jolie, bien intégrée, mais il est difficile de ne pas la trouver aussi un peu gourde. Une ravissante idiote, un loser et une folle, voilà le casting improbable de la comédie romantique de l’année.

Les débuts sont un peu laborieux. Qu’est-ce que c’est que cette dingue qui parle si vite qu’on n’arrive même pas à lire les sous-titres ? Pourtant, après de longues minutes d’inquiétude, il faut bien reconnaitre que ça marche ! On s’attache à cette Meeta si étrange. On se reconnait dans ce Nikhil qui fait ce qu’il peut. Il devait s’occuper de Meeta, il se retrouve à devoir la gérer. Petit à petit, il s’attache à elle, et nous à eux. À l’heure de jeu, on a perdu. Les grands yeux de Meeta qui cherchent désespérément à revoir son père nous ont emportés.

Chose très rare à Bollywood, Hasee Toh Phasee nous offre des moments de pure tendresse extrêmement émouvants. L’air de rien, en un regard et quelques mots, le plus endurci des spectateurs est condamné à se liquéfier. Il nous offre aussi la plus belle démonstration d’amour paternel qu’on ait vu depuis une éternité. Là encore il n’est pas besoin de longues tirades ni de torrents de larmes. Champ, contrechamp, nous sommes à terre. On les aime ces gens. Pas tous, certains sont odieux, d’autres ridicules, mais il y en a d’adorables et de très touchants, comme dans une grande famille en fait…

L’histoire suit un cheminement auquel nous sommes habitués : les deux jeunes se découvrent, puis l’hostilité croissante du monde les rapproche irrémédiablement jusqu’à l’événement qui précipite le dénouement. Le traitement s’éloigne en revanche largement des sentiers battus car Meeta a quand même de très gros problèmes. Astucieusement, les auteurs n’en font pas un sujet de rigolade ni la source de lourds quiproquos. Cette tâche est plutôt dévolue aux acteurs secondaires, à commencer par le cousin Abhinandan (Anil Mange), une révélation absolument fantastique. Sharat Saxena dans le rôle du père policier inflexible se démène tant qu’il peut, englué dans une mentalité arriérée des plus désopilante.

Malheureusement, certains gags auraient mérité d’être resserrés voire supprimés comme l’histoire des mémés jumelles qu’on entrevoit dans la bande-annonce. Mais la perspective de retrouver rapidement Meeta et Nikhil nous fait garder patience. Hasee Toh Phasee donne parfois également l’impression que le scénariste n’a pas osé exploiter la formidable ménagerie qu’il a mise en place. Les acteurs qui composent les deux familles sont pourtant tous remarquables. Manoj Joshi qu’on a vu dans tellement de rôles médiocres montre ici toute l’étendue de son talent. Même les mères et grand-mères qui ne parlent pas beaucoup savent être particulièrement éloquentes.

La réussite du film repose en grande partie sur les jeunes épaules de Parineeti Chopra. Elle incarne à la perfection un personnage indestructible déjà gravement blessé qui porte à merveille le message que les filles peuvent elles aussi choisir leur vie, même en Inde. Tout le monde tourne autour d’elle et nous n’avons d’yeux que pour elle. À côté de ce roc, Siddharth Malhotra essaye de suivre et s’en sort plutôt bien. Il s’essaye aux trucs traditionnels du mâle protecteur — ceux qu’on apprend dans les films indiens — pour se faire remettre dans le droit chemin tout doucement, délicatement, comme il faut… De la belle ouvrage… La troisième, Adah Sharma, fait forcément tapisserie ; mais elle le fait très bien aussi.

La réalisation est moderne, il fallait donc une musique actuelle. Vishal–Shekhar, les compositeurs attitrés de la maison Dharma s’y sont donc collé. Mais on ne peut pas dire que leurs créations emportent l’adhésion. Les mélodies sont particulièrement banales et les rythmes savent être fatigants. Le pire vient peut-être du parolier, Amitabh Bhattacharya, qui a été ici assez mal inspiré. Les deux chansons qui surnagent Punjabi Wedding Song et Shake It Like Shammi sont dans un hinglish peu élégant et sans aucune imagination. On ne leur en tiendra cependant pas trop rigueur, car nos trois héros y mettent toute leur énergie.

Hasee Toh Phasee est un dicton qui signifie « Si elle rit, elle est attrapée ». Autrement dit, la séduction passe par le rire de la belle. À vrai dire, on ne voit pas bien le rapport avec le film. Ceux qui rient, ce sont plutôt les spectateurs. Pas trop, mais ils sont quand même attrapés… par la belle. Parineeti Chopra, en tête d’une très belle distribution, nous mène par le bout du nez. Et avant qu’on ait compris ce qui nous arrivait, le film est fini.



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