Nayakan
Traduction : Le héros
Langue | Tamoul |
Genres | Drame, Mélodrame / Romance, Film de gangsters |
Dir. Photo | P. C. Sreeram |
Acteurs | Kamal Hassan, Saranya, Nasser, Janagaraj, Tipu Anand |
Dir. Musical | Maestro Ilaiyaraaja |
Paroliers | Pulamaipithan, Maestro Ilaiyaraaja |
Chanteurs | Maestro Ilaiyaraaja, K. Jamuna Rani, K. S. Chithra, P. Susheela, Kamal Hassan, Mano, M. S. Rajeswari, T. L. Maharajan |
Producteurs | Mani Ratnam, G. Venkateswaran |
Durée | 145 mn |
Le jeune Mani Ratnam, auréolé de son premier succès public, Mouna Ragam (1986), et fervent admirateur de Francis Ford Coppola, décide de rendre hommage au célèbre réalisateur hollywoodien en adaptant son chef-d’œuvre Le Parrain aux milieux mafieux de Bombay.
Tiré d’une histoire vraie, celle de Varadaraja Mudaliar, un ancien parrain qui régna sur les bidonvilles tamouls de Bombay, le film raconte la vie de Velu, un jeune Tamoul de 9 ans, contraint de fuir sa ville natale après avoir tué un inspecteur de police pour venger son père. Il se retrouve à Bombay où il est recueilli par un pêcheur musulman. Il grandit dans le quartier tamoul de la ville et découvre que des policiers locaux sans scrupule rackettent ses compatriotes. Velu refuse cet état de fait et abat le chef de police local. A partir de ce jour, il sera le protecteur de tous les Tamouls démunis de son quartier qui viendront lui demander aide, conseil ou soutien. Velu est devenu Velu Nayakan, le Héros.
Bien que Nayakan ressemble à une version condensée de la trilogie du Parrain et malgré le sentiment de déjà vu, ce film reste néanmoins l’un des tout meilleurs films tamils sortis des usines à rêves de Madras. Comme son illustre prédécesseur américain, le film a reçu l’éloge des critiques et fait un triomphe en salle. Son immense succès, il le doit à trois hommes, le trio magique Ratnam-Hassaan-Ilayaraja.
Mani Ratnam a le génie d’une réalisation simple, englobante et chaleureuse, autour d’une histoire sans faille. Ce film intimiste, d’une densité psychologique rare, où tous les intervenants ont leur importance, est extrêmement riche. Les scènes de violence succèdent aux moments les plus calmes, les dialogues sont d’une authenticité déroutante. Le film offre certes une vision romantique de la mafia indienne, mais elle est néanmoins réaliste et représente la fracture entre l’ancienne et la nouvelle génération de mafiosi : d’une part les traditionalistes, implacables et violents, mais aussi capables des sentiments les plus humains et les plus honorables (attachés au sens des valeurs, à la famille et à une certaine « moralité ») et d’autre part ceux d’aujourd’hui guidés uniquement par le profit immédiat et facile. L’histoire de Velu ne peut qu’émouvoir, devant le drame des clans contraints de s’entretuer pour l’honneur, cette machine infernale qui ne peut plus s’arrêter, au point que la volonté de rédemption mène inéluctablement à la mort. En cela le désir de Velu, soudain fatigué de cette violence qui emporte tous les êtres qui lui sont chers un par un, est tragique. Le Parrain est ce qu’il est et il doit le rester, pour la survie de sa famille.
Kamal Hassaan, qui endosse le rôle de Velu de 20 à 60 ans, est impressionnant, il excelle dans ce personnage tiraillé entre ses émotions et son sens de l’honneur. Rarement un acteur s’est approprié un personnage avec autant de maestria et de grâce, il est l’Image de ce film, l’Image qui a rendu ce film mythique et incontournable aux yeux des Indiens du sud. Un National Award a récompensé cette interprétation magistrale.
Le film est aussi porté par la sublime musique composée par maître Ilayraja qui retranscrit parfaitement l’ambiance des années 70. Comme tout film indien qui se respecte, Nayakan a aussi sa part de passages chantés et dansés. Deux des cinq chansons sont en partie responsables de la popularité du film, Nila athu oduthu mele et surtout Thenpandi seemayile. Cette chanson émouvante et envoûtante chantée par Kamal Hassaan lui-même, jouée tout au long du film, ne vous quittera pas si vous êtes sensible à sa mélodie. Elle vous imprègne la chair, vous remue le cœur et les tripes. Une chanson culte que tous les Tamils connaissent sans exception.
Merci à Mani Ratnam d’être là pour hausser la qualité du cinéma indien, qui a un potentiel infini, mais que seuls quelques rares spécimens savent utiliser avec toute sa splendeur.
Un film inoubliable de par la qualité de son scénario ficelé à la perfection, sans une once d’ennui, et une réalisation certes classique mais efficace et prenante. Excellentissime …