Rockstar
Langue | Hindi |
Genre | Drame |
Dir. Photo | Anil Mehta |
Acteurs | Ranbir Kapoor, Shammi Kapoor, Nargis Fakhri, Moufid Aziz |
Dir. Musical | A. R. Rahman |
Parolier | Irshad Kamil |
Chanteurs | Mohit Chauhan, Javed Ali, Harshdeep Kaur, Suzanne D’Mello, A. R. Rahman, Karthik, Kavita Krishnamurthy, Tanvi Shah, Suvi Suresh, Sapna Awasthi, Nizami Brothers, Viviane Chaix, Shalini, Alma Ferovic |
Producteurs | Sunil Lulla, Dhilin Mehta |
Durée | 160 mn |
Le voilà enfin, le nouveau film de Ranbir Kapoor ! Depuis septembre de l’année dernière, on n’avait plus vu le rejeton de la célèbre famille Kapoor. Lui qui nous avait habitués à le voir dans plusieurs films par an, c’était plutôt surprenant. Et en même temps, peut-être était-ce là un bon signe, car, tel Aamir Khan, il aurait pu décider de tourner moins, en se donnant plus à chaque rôle et en sélectionnant soigneusement ces films. En tout cas, c’est ce que le buzz autour de Rockstar laissait présager. A noter, que c’est aussi le nouveau film du réalisateur du très bon Jab We Met et du moins bon Love Aaj Kal. Que de bonnes raisons d’aller voir ce film (qui nous a été rendu possible par une projection exceptionnelle avec sous-titres anglais au Gaumont Saint-Denis, merci Aaana Films !). Mais voyons ce que raconte le film.
Janardan Jakhar (Ranbir Kapoor) est un étudiant passionné de musique. Il joue de la guitare, et rêve de devenir un nouveau "Jim Morrison". Seulement, il sent qu’il lui manque quelque chose. Son mentor, Khatana, un employé de la cantine de l’université, lui explique qu’il ne deviendra jamais célèbre tant qu’il n’aura pas souffert, car tel est le secret de tous les grands artistes. Janardan se met alors en tête d’avoir le cœur brisé, puisque rien ne fait autant souffrir qu’une passion avortée. Il décide alors de courir après Heer Kaul (Nargis Fakhri), la fille-parfaite-que-tous-les-mecs-veulent-avoir-mais-qu’aucun-n’a-jamais. Celle-ci n’en a évidemment rien à faire de Janarkan, mais elle finit par être intriguée par le jeune homme et se décide à lui parler. Il lui avoue qu’il n’est en réalité pas amoureux d’elle, car elle est finalement très coincée. Heer décide alors de montrer à Jordan (le surnom qu’elle lui donne) qu’elle est une fille très marrante, et tous deux commencent à faire les quatre cent coups. Seulement, l’heure du mariage a sonné pour la jeune fille, qui doit épouser son fiancé dans son Cachemire natal. Après la cérémonie, elle s’envole pour Prague, laissant Jordan beaucoup plus déboussolé qu’il ne pensait l’être… Sur le chemin de la gloire, musique et amour seront alors extrêmement liés, pour le meilleur et pour le pire…
L’indéniable qualité du film, c’est, sans hésitation, la prestation de Ranbir Kapoor. Nul doute qu’il est devenu, en quelques années, le meilleur acteur de sa génération, ne ternissant point la réputation de son illustre famille. Le jeune acteur obtiendra probablement plusieurs récompenses pour son interprétation inspirée de ce rocker indien, habité et ravagé par l’amour qu’il porte à Heer. En effet, le personnage s’enlise dans une spirale autodestructrice, mais qui finalement ne fait qu’aider à sa carrière, tant à chaque fois qu’il souffre, il projette sa douleur dans sa musique, comme le lui avait dit son mentor. L’acteur est toujours juste, aussi bien dans les scènes dramatiques que dans celles de comédie au début du film, faisant rire la salle aux éclats. Alors que le rôle semblait plutôt casse-gueule dans la deuxième partie, au risque de tomber dans un jeu caricatural du rocker-qui-va-mal, Ranbir Kapoor porte le film sur ses épaules avec succès.
Car il faut bien l’admettre, le film, sans Ranbir Kapoor, serait loin d’être aussi bien. En effet, l’actrice principale, qui a sûrement été choisie pour son prénom, mais qui n’arrive même pas à la poussière des chevilles de la splendide Nargis, est un des points négatifs de Rockstar. Et c’est peu dire. La jeune fille ne sait guère jouer autrement que par des mimiques insupportables et autres mots en anglais hyperarticulés. Si elle arrive par moments à être juste et à nous émouvoir, elle ruine en général cette impression dès l’instant suivant. C’est dommage, car avec une actrice d’égal charisme à celui de Ranbir Kapoor, le film aurait eu une tout autre ampleur.
Un autre défaut de Rockstar, c’est, hélas, sa deuxième partie. Si la première partie est excellente, mêlant adroitement moments musicaux, petites scènes de comédie et moments plus dramatiques, la seconde souffre de quelques longueurs et de grosses ficelles de scénario. C’est une fois de plus plutôt regrettable, car le scénario était jusque-là plutôt original. De fait, l’idée de base (il faut se faire briser le cœur sinon on ne peut pas être un artiste) est très plaisante, et très bien développée. Malheureusement, la deuxième partie use de rebondissements peu justifiés et mal amenés, ainsi que de longues périodes musicales qui se répètent de trop et finissent par lasser le spectateur.
La musique est malgré tout un des meilleurs aspects du film. A.R. Rahman nous revient en très grande forme (malgré quelques faiblesses, mais on lui pardonne tout), avec notamment un magnifique qawwali comme on n’en avait pas eu depuis longtemps au cinéma. Certaines chansons rock pourraient sans doute être plus "rock" justement, mais elles restent de très bonne facture, particulièrement Sadaq. Enfin, que serait un film hindi sans sa chanson kitsch en pays étranger ? Bien peu de choses, il faut l’admettre, et Rockstar ne déroge pas à la règle avec une chanson en pays tchèque (une nouveauté, il me semble), qui, si l’on passe les clichés du genre, se révèle très agréable à écouter, grâce à une belle mélodie. Inutile de dire que la bande originale du film, au vu du sujet, était quelque chose à ne pas rater, et la mission est brillamment accomplie par le Mozart indien, une fois de plus.
Pour faire simple, Rockstar est un très bon film, qui aurait pu être encore meilleur avec une actrice principale plus charismatique et un scénario plus travaillé dans la deuxième partie. Il reste néanmoins un long-métrage très plaisant à regarder, grâce à la qualité de l’histoire, de la musique et de l’acteur principal. Cela laisse présager de bons jours pour Imtiaz Ali, Ranbir Kapoor et éventuellement pour Bollywood, qui a bien besoin de films de cette facture de façon plus fréquente.