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La critique de Fantastikindia

Par Brigitte Leloire Kérackian
Publié le 1er mars 2016

Note :
(5/10)

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« Claude Lelouch a trop vu de films indiens et il s’est laissé influencer » : conclusion qui m’est immédiatement venue à l’esprit à la fin de la projection de son dernier long-métrage : Un plus une.

Le film suit un fringant compositeur de musique de films, Antoine Abellard, arrivant en Inde pour finaliser l’enregistrement de la bande originale d’un genre de Roméo et Juliette local. Tout semble lui réussir puisqu’il a même été récompensé par un Oscar à Hollywood. Sa vie amoureuse est déjà bien remplie grâce à sa rencontre passionnée avec une jeune pianiste. Le tableau s’enrichit quand sa rencontre avec l’épouse de l’ambassadeur de France au cours d’un dîner mondain bouleverse une soirée moins conventionnelle qu’il n’y paraît.

Un plus une de Claude Lelouch, sorti en décembre, avait de gros atouts pour attirer les amoureux de l’Inde ou de pays exotiques, et ce dès sa bande annonce : des dialogues un peu piquants et ambigus, des personnages engagés dans une relation de part et d’autre et qui se croisent dans ce pays plein de surprises, et des situations cocasses. Que de bons ingrédients pour démarrer une romance peu banale !

Sauf que les incohérences du scénario m’ont surtout fait rire. Pourquoi ?
 On nous faire croire que les protagonistes sont à Bombay alors qu’ils sont à Delhi : les Bombayens ne se baladent pas avec des écharpes, des bonnets et des pulls dans le brouillard.
 On nous faire croire que l’Ambassade de France se trouve à Bombay : les ambassades sont toujours dans les capitales des pays. Delhi est la capitale de l’Inde.
 Jean Dujardin en compositeur de musique, couronné par un Oscar, n’est pas crédible car ses goûts musicaux sont sous-exploités, sans parler de son physique à contre-emploi.
 Le compositeur français est invité en Inde par un réalisateur indien (de la « nouvelle vague du cinéma indien » s’il-vous-plaît) pour enregistrer la musique qu’il a écrite pour son film. Or, en Inde on enregistre la musique avant de tourner les images alors qu’on nous montre une partie du film lui-même.
 Le prétexte invoqué par Dujardin pour partir en train vers le rassemblement du Kumbh Mela est invraisemblable (je ne peux pas dévoiler l’intrigue…)
 La fête du Kumbh Mela se résume à des ablutions et un sadhu qui joue avec son sexe (âmes sensibles, veuillez vous cacher derrière votre éventail !)

Le moment le plus fidèle au cinéma indien reste le miracle final qui arrive en conclusion de tout bon spectacle Bollywood et dans la tradition.
J’oublie certainement d’autres détails fumeux qui ne décrivent pas du tout l’Inde mais une représentation bien artificielle.

Malgré ces points risibles, le film et ses personnages nous posent tout de même des questions sur des fondamentaux de la vie : la quête d’une possible grossesse pour magnifier un mariage d’amour, la quête d’une formule miracle pour combattre une tumeur, comment réagir dans une situation de désarroi extrême ? Une rencontre ayant mal démarré peut–elle se réécrire, s’épanouir plus tard ?
Après la projection, on repense encore au film, ce qui signifie qu’il a un impact dans nos mémoires. Par conséquent, même si je n’aurais pas du tout traité ces dialogues et ces personnages aussi lourdement, il me reste les interrogations des protagonistes, leurs désirs d’avancer, de chercher maladroitement l’amour absolu.

La manière dont Amma, la mère, a été filmée, est un des atouts incontestables de ce long-métrage. Un grand respect et une grande beauté se dégagent de ces séquences. Elle est présentée dans le film avec une tendresse et de subtiles émotions qui sont très difficiles à restituer sur la pellicule. C. Lelouch a disposé de toute sa maestria dans ces prises de vues très naturelles et on peut lui reconnaître son talent.

De très belles mélodies rythment le film, donc au final, c’est une curiosité qui mérite le détour puisque peu de réalisateurs occidentaux s’aventurent dans cet univers.


Bande-annonce

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