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Waar

Traduction : Assault

LanguesAnglais, Ourdou
GenreFilm d’action
Dir. PhotoBilal Lashari
ActeursShaan Shahid, Shamoon Abbasi, Ali Azmat, Ayesha Khan
Dir. MusicalAmir Munawar, Clinton Cerejo, Qayaas
ChanteursAli Azmat, Qayaas, Umair Jaswal
ProducteurHassan Waqas Rana
Durée130 mn

Bande originale

Inquilaab
Khayal
Saathi Salaam
Mauje Naina
Halaak

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Fiche IMDB
Page Wikipedia
La critique de Fantastikindia

Par Jawadsoprano, Gorkita
Publié le 28 février 2014

Note :
(6/10)

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Alors que le cinéma pakistanais reste toujours confidentiel et sort peu de ses frontières, Waar arrive comme un précurseur dans une industrie qui a du mal à trouver son chemin. Il est depuis plusieurs semaines connu des médias internationaux pour la polémique qu’il a suscité, mais également et surtout pour sa première place au classement des films les mieux notés sur IMDB en 2013. Waar est donc devant des blockbusters tels que Le Loup de Wall-Street, Star Trek Into Darkness ou autres Hunger Games avec une note de 9,3/10. Etonnant !

Quelques années après des films comme Khuda Ke Liye ou Ramchand Pakistani, tous deux acclamés lors de leur sortie et symboles du renouveau du cinéma pakistanais, il semblerait qu’un producteur ait eu l’idée de montrer que le Pakistan a les moyens de faire un blockbuster international. Si les films cités se rapprochaient plus du cinéma d’auteur, Waar n’est pas du tout dans la même catégorie, soyons clairs là-dessus.

Le film s’ouvre sur une scène de libération d’otage après un raid d’infiltration mené par les forces spéciales du gouvernement dans un village reculé. Une attaque terroriste se prépare sur le sol pakistanais, et les services secrets vont faire appel à un agent, Mujtaba, qui s’est retiré du métier après un drame personnel. Il va tenter de déjouer ce complot visant à ébranler le gouvernement réformateur en place.

On est directement immergé dans le film après la scène d’ouverture, et même si la présentation des différents protagonistes traîne un peu en longueur, celle-ci est intéressante car le scénariste a mis en place le jeu d’échecs politique avec des espions et des commanditaires cachés dans les zones tribales. La première partie du film est donc prometteuse, avec de nombreuses scènes très stylisées (les mémoires de Mujtaba, les scènes impliquant le politicien Ejaz Khan ou l’intriguante Laxmi). On arrive à l’intermission avec pas mal de questions en suspens et des espoirs d’une seconde partie captivante où chacun des protagonistes va avancer ses pions pour mettre échec et mat l’autre.

Mais le problème de Waar, c’est que visiblement, le réalisateur ne connait pas les règles du jeu d’échec et il a décidé de jouer à Risk à la place. Après l’entracte, le réalisateur abandonne les jeux de complots et la subtilité cède la place à l’action. Le résultat est plus proche d’un Rambo que d’un Jason Bourne, et la deuxième partie est une série d’explosions et de combats, pas toujours réussis et souvent confus, qui n’ont pour but que de montrer que le gouvernement est plus fort que les terroristes, parce que lui au moins il a des hélicoptères… Le montage aurait pu clairement être un peu plus serré, car certaines scènes sont lourdes (dans les zones tribales) et d’autres sont incompréhensibles (mais que se passe-t-il réellement lors de l’attaque du fort ???).

Et que dire de la bataille finale entre le héros et le méchant qui abandonnent inexplicablement des armes à feu qu’ils ont utilisées sans interruption pendant les deux premières, pour au final se lancer dans un duel de kung-fu… Malheureusement les deux acteurs sont totalement inexpérimentés en la matière et le réalisateur a bien du mal pour rythmer les prises de vue et donner une impression de fluidité à ce combat d’amateurs.

Quel dommage de gâcher un début si prometteur pour un film pakistanais aux qualités de productions réellement impressionnantes, puisqu’il parvient sur certaines scènes d’action à dépasser des films indiens. En effet, les explosions sont très crédibles (pas d’effets de synthèses ridicules à la Arrambaam par exemple), les scènes d’infiltration réussies et la cinématographie au top de ce qui se fait actuellement. Le budget est conséquent, et chaque roupie est utilisée à l’écran. Qui plus est le réalisateur Bilal Lashari vient du clip et cela se ressent : certains plans sont extrêmement léchés, d’un esthétisme et d’une composition superbement travaillés. Une mise en parallèle dérangeante entre un tango sulfureux et une mise à mort brutale constitue ainsi une scène d’une beauté troublante. Coup de chapeau donc à ce jeune réalisateur touche-à-tout qui gère ici à la fois mise en scène, photographie et montage, sur ce qui est son premier film !

Les acteurs se débrouillent plutôt bien dans l’ensemble. Si certains terroristes ont un jeu d’acteur proche du néant et auraient leur place dans une émission de télé-réalité, la plupart sont de bons acteurs de soap, et enfin quelques-un sont des acteurs confirmés. C’est le cas du héros, Shaan, qui porte le film à bout de bras. Cet acteur producteur réalisateur a une carrière exemplaire à laquelle est associé son rôle poignant dans Khuda Ke Liye. Les rôles féminins sont intéressants et c’est un des atouts du film. Laxmi, l’infiltrée à la personnalité sans faille, est interprété avec brio par Meesha Shafi, touche-à-tout qui fait également de la musique pop avec son groupe Overload. Ayesha Khan, jouant l’analyste des services du gouvernement, elle aussi est convaincante dans un rôle de femme forte et impassible. Ali Azmat, le chanteur et ancien leader du groupe culte Junoon, fait forte impression en leader politique, sa conviction et son charisme pourraient laisser entrevoir une carrière d’acteur intéressante. Dommage que les méchants du film ne soient pas à la hauteur.Le chef des factions tribales est assez passif et son rôle peu développé.

Mais surtout le terroriste et "super méchant" Ramal est tout sauf impressionnant, il manque de fond et fait plus penser à une figurine GiJoe ou à un mannequin de publicité qu’à un "serial killer devenu terroriste", comme c’est explicitement indiqué dans le film. Mais on peut reconnaitre qu’il n’est pas toujours aidé par les costumiers du film, ses postiches (moustaches, cheveux) censés lui assurer une couverture sont souvent proches du ridicule. On pense aux accoutrements de Sunny Deol dans Hero - Story of a Spy et ce n’est pas le seul point commun de ce film avec les oeuvres de Sunny.

En effet le message visant à dire que les commanditaires sont indiens n’est pas des plus propices à apaiser les tensions entre les deux pays et accessoirement n’apporte rien à l’histoire. Cependant, les films indiens n’ont pas été en reste pour accuser le Pakistan. Et le nationalisme forcené de Waar, glorifiant les forces armées et la violence vengeresse est bien plus proche de la franchise « Sunny Deol » que du pamphlet politique. Néanmoins certaines répliques visant à dénoncer le terrorisme et le fondamentalisme sont assez bien sentis et pourront faire leur effet auprès du public.

La musique est à l’image du reste du film, plutôt inégale, alternant le très bon et le plus standard. On a ainsi droit à un score/musique de fond très hollywoodien dans les scènes d’action, mais très sirupeux et proche du soap opera dans plusieurs scènes dramatiques. Quelques chansons s’incrustent dans la trame, sans aucune danse, mais en fond. On a droit, soit à des slows très mélodramatiques, soit à du métal. Un grand écart donc.

Et c’est toute la problématique du film, faire le grand écart constamment. Si on regrette l’aspect amateur de certaines situations ou de certains seconds rôles, ainsi qu’une ambiance soap opera de temps en temps, on peut reconnaître la tentative plutôt réussie de faire un film d’action avec des moyens et quelques scènes bien pensées ayant leur place dans les productions de calibre international.

Cette série B pourra donc vous divertir sans vraiment parvenir à vous faire réfléchir avec son discours simpliste, et on le regrettera, car ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance d’avoir une tribune comme celle-ci et une telle réunion de talents et de moyens. Espérons que Bilal Lashari saura capitaliser sur cette expérience pour nous livrer par la suite des films plus mûrs tout en conservant sa palpable sensibilité visuelle.



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