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Yaadon Ki Baaraat

Traduction : Cortège de souvenirs

Bande originale

Yaadon Ki Baarat Nikli Hai
Yaadon Ki Baarat Nikli Hai (male)
Chura Liya Hai Tumne Jo Dil Ko
Lekar Hum Deewana Dil
Ap Ke Kamre Mein Koi
Meri Soni Meri Tammana Jhooth Nahin Hai

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La critique de Fantastikindia

Par Didi - le 26 novembre 2009

Note :
(8/10)

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Trois frères, Shankar, Vijay et Ratan sont heureux avec leurs parents en ce jour d’anniversaire du père. Toute la famille pousse la chansonnette, jurant que rien ne les séparera. C’est sans compter sur le destin, toujours prêt à jouer des mauvais tours… Le père est, en effet, témoin d’un vol qui a tourné au meurtre. Le meurtrier, un truand nommé Shakaal (Ajit Khan), aidé de ses comparses, élimine le témoin gênant en le tuant avec sa femme devant les yeux horrifiés des trois frères qui prennent la fuite grâce à la complicité de l’un des bandits. Malheureusement, le destin n’en a pas fini avec eux, ajoutant à la douleur du deuil celle de la séparation.
Plus d’une dizaine d’années ont passé… Nos trois frères sont désormais des hommes. L’aîné, Shankar (Dharmendra), qui a grandi dans la rue, vit d’expédients et de larcins, fréquentant dangeureusement le milieu du crime afin d’accomplir sa vengeance : retrouver le meurtrier de ses parents. Vijay (Vijay Arora), le cadet, a eu plus de chance, ayant été recueilli par un homme, employé d’une riche maison. S’il pense à ses frères et à ses parents, Vijay n’est pas obsédée par la vengeance comme Shankar, étant plus intéressé par la gent féminine, plus particulièrement par Sunita (Zeenat Aman). Quant au benjamin, Ratan (Tariq), il est devenu pop-star et chante dans les hôtels de luxe. Contrairement à ses deux frères, Ratan a vécu plus difficilement la séparation et dans son tour de chant, il interprète généralement la chanson de leur enfance dans l’espoir de les retrouver…

Cette présentation sommaire de Yaadon Ki Baaraat ("le cortège des souvenirs") annonce d’une certaine façon la trame narrative de ce film, désormais devenu classique, de Nasir Hussain, qui est divisée en plusieurs sous-intrigues, chacune étant consacrée à l’un des frères : Shankar réussira-t-il à accomplir sa vengeance ? Vijay aura-t-il la femme qu’il aime ? Ratan retrouvera-t-il ses frères ? Si l’on est un habitué du cinéma hindi (et même si on ne l’est pas), on devine assez vite la réponse à ces trois questions, sachant que ce n’est pas le dénouement qui importe le plus, mais la façon dont seront déclinés les ingrédients du masala (amour, humour, action, drame et musique) et la palette de sentiments qu’ils susciteront. Car comme toute recette, la réussite dépend des proportions, de l’habileté à mélanger les ingrédients et, surtout, de leur qualité.

Si la séquence d’ouverture présente la famille composée des parents et des trois enfants interprétant leur chanson fétiche, Yaadon Ki Baaraat, afin de montrer leur complicité et l’amour que les membres se portent, ce bonheur est de courte durée, laissant très vite place au drame : le meurtre des parents et la séparation des frères. La chanson prend dès lors une dimension particulière, celle d’un bonheur et d’un temps perdus, et devient le fil conducteur de la narration. Elle sera interprétée à des moments-clés : lors de la séquence introduisant l’intrigue amoureuse, une fois que les frères ont grandi, et au moment des retrouvailles, qui précèdent l’exécution de la vengeance. Cette scène des retrouvailles acquiert d’ailleurs un côté mélodramatique dans la mise en scène, la caméra allant successivement d’un frère à l’autre. Ratan, le plus jeune frère, par son rôle de musicien et d’interprète de la chanson familiale, apparaît comme l’instigateur des retrouvailles.

L’intrigue amoureuse, assez classique, a pour effet d’éloigner un temps le spectateur de la trame principale du film. Elle réunit une jeune fille riche et délurée, Sunita, interprétée par Zeenat Aman, au sourire ravageur et à la sensualité débordante, et Vijay (Vijay Arora), le cadet des frères, jeune homme d’origine modeste qui use de différents stratagèmes pour séduire sa belle, entre autre l’imposture (il se fait passer pour un homme riche) et le mensonge (il lui fait croire qu’il est malade). Comme on sait que l’on ne peut construire rien de bon sur le mensonge, Vijay finira par révéler la vérité après moult péripéties. Le traitement de l’histoire d’amour permet d’introduire quelques scènes de comédie et surtout la séquence sensuelle du film : Zeenat Aman en maillot de bain émergeant des flots telle une vénus (on imagine sans peine les sifflets admiratifs qui avaient dû retentir dans les salles de cinéma à l’époque). Cette scène, un classique du cinéma pour faire rêver la gent masculine (rappelez-vous Ursula Andress, Brigitte Bardot ou Silvana Mangano dans des situations similaires) montre que la réputation d’icône sensuelle et moderne de l’actrice dans les années soixante-dix n’était en aucun cas usurpée. Quant à Vijay Arora, l’Indian lover du moment, jeune premier "belle gueule" (moins belle cependant que celle de Rajesh Khanna), mais au système pileux plus que développé, permet de mesurer l’évolution de l’esthétique masculine depuis 1973. La partie romance est peut-être celle qui a le moins bien résisté au temps… Peut-être parce qu’elle apparaît comme la figure imposée, celle qui a été la moins soignée, le réalisateur-producteur comptant surtout sur les charmes de Zeenat Aman pour atténuer cette faiblesse.

La vengeance de Shankar, l’aîné des frères, mais aussi le plus obsédé par le meurtre de ses parents, va donner lieu aux scènes de suspens, de poursuites et d’action, parmi les meilleures du film. D’ailleurs, Shankar est le personnage le mieux écrit des trois frères. Devenu adulte, il vit dans la douleur et a sacrifié sa vie - il n’a pas réussi socialement comme son frère Ratan et n’a pas d’histoire d’amour comme Vijay - dans l’unique but d’accomplir la mission qu’il s’est lui-même imposée. Ce personnage, celui avec qui l’on tisse le plus de liens empathiques, est incarné par un Dharmendra viril et émouvant, au charme et au charisme intemporels.

Quant au méchant Shaakal, voleur, tueur de sang-froid, servile, bref, un charognard comme la variété de canidés homonyme, il est affublé d’un signe distinctif, astuce scénaristique souvent utilisée quel que soit le cinéma, qui permettra son identification. Si Ajit remplit son contrat sans zèle excessif, on se prend à imaginer ce que d’autres acteurs, interprètes inoubliables de personnages négatifs, auraient pu faire à sa place…

La musique, composée comme les meilleures BO de l’époque par R.D. Burman, est le morceau de choix du film ; elle est le liant, l’élément qui, sans aucun doute, a contribué à son succès et lui a permis de rester dans la mémoire collective. Il est vrai que les chansons sont interprétées par la crème de la crème des chanteurs play-backs du cinéma hindi - Lata Mangeshkar, Asha Bhosle, Mohammed Rafi et Kishore Kumar -, des voix inoubliables qui leur ont fait traverser le temps sans prendre une ride. Il y a bien sûr la chanson-titre, Yaadon Ki Baaraat, qui vous reste en tête bien après le visonnage du film, mais aussi Chura Liya Hai et O Meri Soni. Ce sont d’ailleurs ces chansons qui apparaissent, comme un clin d’œil, dans une séquence de Swades où l’on peut voir quelques plans de Chura Liya Hai, qui montrent que le charme de Zeenat Aman continue à opérer sur la gent masculine contemporaine, et de Yaadon Ki Baaraat, version familiale où l’on peut voir un tout jeune Aamir Khan en culottes courtes.

On retrouve certains ingrédients de Yaadon Ki Baaraat, comme la séparation d’êtres qui s’aiment et leurs retrouvailles grâce à un élément identificateur, la marque du destin et la vengeance dans bien des films, entre autres dans le multi-oscarisé Slumdog Millionaire, ce qui montre que l’originalité à tout prix n’est pas recette de succès. Celle-ci se trouvant plutôt dans l’habileté à raconter…

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