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Zanjeer

Traduction : Les chaînes

Bande originale

Bana Ke Kyon Bigada Re
Chakku Chhuriyan Tej Kara Lo
Deewane Hai Deewanon Ko
Dil Jalon Ka Dil Jala Ke
Yari Hai Imaan Mera

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La critique de Fantastikindia

Par Maya - le 11 octobre 2008

Note :
(8/10)

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Zanjeer est LE premier film du genre "jeune homme en colère", celui où Amitabh le gentil poète se métamorphose en justicier pas commode - et plus séduisant que jamais. Certaines images se retrouveront d’ailleurs sur de multiples affiches de films, comme une "marque de fabrique" Amitabh-angry-young-man.

L’histoire : Vijay, 7 ans, n’a aperçu du meurtrier de ses parents que son poignet armé, orné d’une chaîne (zanjeer) en argent avec un pendentif en forme de cheval. Recueilli par un policier, il fait de continuels cauchemars hantés par un cheval blanc monté par un homme en noir, hennissant dans le brouillard…

Adulte, Vijay est devenu policier. Intransigeant, il fait de chaque cas une affaire personnelle, quitte à la régler "à sa façon" sans se soucier du politiquement (ou du policièrement) correct, guidé par une haine farouche de la corruption. Solitaire, il semble réfractaire à tout sentiment, son seul ami est un ancien bookmaker qu’il a fait revenir sur le droit chemin à coups de poings, et même la charmante Mala (Jaya Bhaduri bientôt Bachchan) n’est admise dans son entourage que parce qu’il doit la protéger après l’avoir encouragée à témoigner. Vijay s’attaque au caïd local et à son réseau corrompu. Mais lorsque celui-ci se sent trop menacé, il fait tomber Vijay dans un piège et le policier intègre se retrouve derrière les barreaux. A sa sortie, une seule idée l’anime : venger son honneur bafoué et stopper les activités néfastes de Teja.

Si Vijay - Amitabh et sa colère forment le fil conducteur, l’intérêt du film réside largement dans ses personnages secondaires, auxquels on s’attache autant qu’à Vijay. Tout d’abord Sher Khan le tigre roux (Pran), qui nous offre de superbes scènes d’amitié virile. Ensuite Mr D’Silva (Om Prakash), l’étrange informateur accroché à sa bouteille, qui apporte une touche d’humanité. Enfin, Mala (Jaya Bhaduri) à la langue bien pendue, au regard aussi affûté que ses couteaux. Sans oublier Teja (Ajit), le méchant extrêmement fourbe, flanqué de la démonstrative Mona (Bindu).

Le seul bémol qu’on pourrait trouver à Zanjeer, c’est la subite transformation de Mala l’intrépide, en timide fiancée au regard baissé, quel dommage ! On sent le réalisateur plus préoccupé dans la deuxième partie du film, par le quota de dishums et la dramaturgie de l’histoire, très bien mise en scène. Il fait monter la tension de façon à ce que la grande scène finale où Vijay retrouve le fameux bracelet au cheval, soit un vrai feu d’artifice.

On remarquera aussi tout au long du film l’usage répété des barreaux dans de nombreuses scènes : ils closent les fenêtres, délimitent l’espace. Difficile de dire aujourd’hui s’ils reflètent l’insécurité de l’Inde des années 70, une manière élégante de dénoncer l’enfermement du pays à une époque où on pouvait se retrouver en prison quand on critiquait le gouvernement, ou bien encore une façon plus symbolique de montrer l’enfermement des personnages dans leurs chaînes, liés à leur destin.

Mais le grand talent de Prakash Mehra reste dans sa façon de filmer ses héros, les scènes partagées entre Amitabh et Jaya sont classiques mais souvent émouvantes, comme la scène où, au début du film, il la remercie de l’avoir aidé à dénoncer les coupables d’une tuerie. Ce flic enragé n’est plus qu’un grand garçon embarrassé, c’est trop craquant !

La musique de Kalyanji Anandji n’est pas inoubliable mais elle est très agréable, les clips sont sympathiques, plutôt orientés sur le charme des interprètes féminines (Jaya version romantique, Bindu version délurée). Il fallait bien garder un peu de glamour pour ne pas trop perturber des spectateurs plus habitués aux romances qu’aux films dénonciateurs ! Le meilleur clip est pourtant dansé par un homme : Yaar Meri Zindagi, avec Sher Khan, on ne peut pas dire qu’il ait de grands talents de danseur mais la chanson et sa mise en scène constituent un des grands moments de Zanjeer.

Prakash Mehra, réalisateur et producteur, prenait un pari avec ce nouveau genre de film, avec un nouvel acteur pas encore connu, incarnant un homme sombre et aux antipodes du romantisme…
Pari gagné : le film a fait un carton au box-office en 1973, il a reçu les Filmfare Awards de la meilleure histoire et du meilleur scénario pour Salim (le père de Salman Khan) et Javed. La carrière d’Amitabh Bachchan était lancée…

Zanjeer mérite bien sa notoriété, 35 ans plus tard il reste un film fort, servi par de superbes acteurs au service d’une noble cause. Toutefois, dans le genre "angry young man" avec Amitabh Bachchan, Deewaar, Roti Kapada aur Makaan et Laawaris sont tout aussi puissants, et peut-être plus encore.

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