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Dil Dosti Etc

Traduction : L'amour, l'amitié, etc.

LangueHindi
GenreComédie dramatique
Dir. PhotoArvind Kannabiran
ActeursShreyas Talpade, Ishita Sharma, Immaduddin Shah, Smriti Mishra
Dir. MusicalSiddharth-Suhas
ParoliersSuhas, Kumaar, Ram Goutam, Prashant Pandey, Siddharth
ChanteursSunidhi Chauhan, Suraj Jagan, K. Mohan, Hamza Faruqui, Labh Janjua, Mona Sarkar, Aarti Ankalikar Tikekar
ProducteurPrakash Jha
Durée104 mn

Bande originale

Dum lagaa, dum lagaa
Lamha Ye Jaaya KahaN
Sambhalo Dil Ko
More Banke Chaliya
Man Moniye

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Fiche IMDB
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La critique de Fantastikindia

Par Laurent - le 5 octobre 2009

Note :
(7/10)

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Apurv (Immaduddin Shah), un jeune homme issu d’un milieu aisé, fait la connaissance à l’université de Sanjay Mishra (Shreyas Talpade), originaire du Bihar, et candidat à l’élection âprement disputée du « président » des étudiants. D’un naturel plus paisible, Apurv aimerait bien se trouver une petite amie et, en attendant, l’argent de son père lui permet de rendre régulièrement visite à une prostituée, Vaishali (Smriti Mishra).

Produit par Prakash Jha, le réalisateur du magistral Apaharan, ce premier film de Manish Tiwary a pour sujet la jeunesse indienne d’aujourd’hui. « Jeunesse », c’était déjà le titre d’un film de Mani Ratnam (Yuva), et la comparaison se confirme si l’on se rappelle le personnage de Michael interprété par Ajay Devgan, celui d’un leader étudiant aux talents d’orateur, un portrait qui correspond assez bien à celui que brosse Shreyas Talpade dans Dil Dosti Etc, nettement plus crédible même que Devgan, et qui tranche radicalement avec son fameux rôle de sourd-muet dans Iqbal, qui reste la prestation de sa vie. Ici, le jeune acteur n’en est pas moins étonnamment convaincant dans le rôle d’un battant à la conscience politique précoce (et répondant au nom de Sanjay Mishra, aucun rapport avec l’acteur hindi du même nom, une petite frappe comique vue notamment dans les Golmaal).

Cependant, le véritable héros du film est Immaduddin Shah (fils de l’excellent Naseeruddin Shah), qui interprète Apurv, un étudiant charmeur et nonchalant à la moustache naissante, et dont la précocité se manifeste dans des domaines plus terre-à-terre… Ou plutôt, Apurv est le parfait contrepoint de Sanjay Mishra : son amoralisme, son cynisme paisible, ses paris liés à ses conquêtes sexuelles s’opposent diamétralement aux valeurs traditionalistes et au viril sens de l’honneur du provincial impulsif incarné par Shreyas Talpade ; le riche père de sa petite amie, du bout des lèvres, ne trouve-t-il pas qu’il a « gardé intactes les valeurs de la classe moyenne » ?

Mais si l’attitude de ce fougueux jeune homme du peuple reste très marquée, voire déterminée par sa classe sociale, ce n’est pas le cas d’Apurv : venant d’une famille aisée, il se montre pourtant plus négligé, ébouriffé, apathique, il se fond ave la même facilité dans l’univers de l’université, mâtiné de hinglish, que dans celui, plus prosaïque, des prostituées, une « classe (caste ?) inférieure » qui ne parle que l’hindi ; il n’hésite pas d’ailleurs à fréquenter assidûment et quotidiennement l’une d’entre elles, confidente ambiguë et désabusée, tout en courtisant en parallèle une jeune fille dans l’espoir détendu de l’ajouter à son tableau de chasse ; sexe sans amour, amour sans sexe ? Dilemme un peu convenu, mais qui sonne juste grâce au charme et au charisme d’Immaduddin Shah, un jeune acteur prometteur et à l’anglais délicieux. Ses débats existentiels avec le talentueux Shreyas Talpade permettent même d’élever le film au-dessus de la simple chronique réaliste en liant leurs deux histoires qui paraissaient éparpillées, leurs différences de points de vue culminant dans un dénouement tendu, une confrontation qui aurait mérité plus d’ampleur et un concept plus affiné ; à moins que le réalisateur n’ait pas voulu trancher entre ces deux personnages-symboles et leurs problèmes respectifs, entre la modernité corrompue et le poids des traditions ? Le début du film semblait encore les réunir au sein d’une norme estudiantine, mais seulement sur des sujets superficiels, comme la célébration dissipée et collective du sexe, de l’alcool et des films porno, ou bien l’aimable bizutage de début d’année universitaire, une humiliation rituelle imposée par Sanjay et sa bande à Apurv que ce dernier avait acceptée avec le sourire.

Avec Dil Dosti Etc, Manish Tiwary signe un premier film remarquable, une curieuse œuvre de moraliste ancrée dans un environnement étudiant crédible, loin de l’usine à rêves de Bollywood (les rares chansons sont d’ailleurs intégrées de façon réaliste), avec des dialogues parfois crus, mais souvent drôles et fins. On aurait aimé qu’il développe plus certains passages poignants, qui n’affleurent que très ponctuellement, mais le naturel de l’ensemble de sa jeune distribution et l’épaisseur de ses deux comédiens principaux, parfaitement captés par une mise en scène aérée, prouvent qu’il sait excellemment diriger ses acteurs au service d’un beau film d’auteur populaire… Un jeune cinéaste à suivre, de même qu’Immaduddin Shah, qui a tourné depuis Little Zizou.

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